Nicholas Ray Ătats-Unis / 1953 / 110 min D'aprĂšs le roman Johnny Guitar de Roy Chanslor. Avec Joan Crawford, Sterling Hayden, Mercedes McCambridge. Vienna, qui tient un saloon frĂ©quentĂ© par des hors-la-loi, embauche un ancien amant, cowboy et musicien. Il va l'aider dans sa lutte, qui l'oppose Ă un groupe d'Ă©leveurs. GĂ©nĂ©rique RĂ©alisateur Nicholas Ray Assistant rĂ©alisateur Herb Mendelson ScĂ©naristes Philip Yordan, Ben Maddow Auteur de l'oeuvre originale Roy Chanslor d'aprĂšs la nouvelle "Johnny Guitar" SociĂ©tĂ© de production Republic Pictures Producteur Herbert J. Yates Distributeur d'origine Les Films Fernand Rivers Paris Directeur de la photographie Harry Stradling IngĂ©nieurs du son Carman, Howard Wilson Compositeur de la musique originale Victor Young Auteurs des chansons originales Victor Young, Peggy Lee InterprĂšte des chansons originales Peggy Lee Directeur artistique James Sullivan DĂ©corateurs John McCarthy Jr., Edward G. Boyle Costumier Sheila O'Brien Maquilleur Bob Mark Coiffeur Peggy Gray Monteur Richard L. Van Enger Coordinateurs des effets spĂ©ciaux Howard Lydecker, Theodore Lydecker InterprĂštes Joan Crawford Vienna, Sterling Hayden Johnny Logan, Mercedes McCambridge Emma, Ward Bond John McIvers, Scott Brady Dancing kid, John Carradine Tom, Ernest Borgnine Bart Lonergan, Ben Cooper Turkey, Royal Dano Corey, Frank Ferguson le shĂ©riff, Paul Fix Eddie, Rhys Williams Monsieur Andrews, Ian MacDonald Zeke, Will Wright Ned, John Maxwell Jake, Robert Osterloh Sam, Frank Marlowe Frank, Trevor Bardette Jenks, Sumner Williams, Sheb Wooley, Denver Pyle, Clem Harvey
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Synopsis AprĂšs avoir assistĂ© impuissant Ă lâattaque dâune diligence, Johnny Guitar sobriquet dà » Ă la guitare dont il se sĂ©pare rarement se rend dans un saloon tenu par Vienna. On apprend vite que sous ce sobriquet se cache un redoutable ù pistolero ĂąÂÂ, Johnny Logan, et quâil a abandonnĂ© Vienna qui fut sa maĂźtresse, il y a cinq ans. Celle-ci est trĂšs liĂ©e Ă la bande de Dancing Kid qui nâa pas bonne presse auprĂšs des propriĂ©taires et notables locaux dont les ù leaders ù sont John Mc Ivers et Emma Small. Amoureuse de Dancing Kid, lui-mĂȘme amoureux de Vienna, Emma voue une haine farouche Ă Vienna et veut sâen dĂ©barrasser. Elle est suivie en cela par les autres propriĂ©taires menacĂ©s par la construction du chemin de fer que Vienna appelle de tous ses vĂ
Âux pour dĂ©cupler la valeur de son saloon. Lors de lâattaque de la diligence oĂč pĂ©rit son frĂšre, Emma accuse de ce meurtre la bande de Dancing Kid et Vienna, de complicitĂ©. Faute de preuve, Mc Ivers et les hommes du shĂ©rif doivent abandonner cette piste. Ils donnent Ă Vienna un ultimatum elle doit quitter les lieux dans les vingt-quatre heures. Dancing Kid, excĂ©dĂ©, dĂ©cide alors dâattaquer la bande locale. Le gamin de la bande, Turkey, blessĂ©, se rĂ©fugie chez Vienna oĂč les hommes du shĂ©rif le retrouvent. Contre la promesse dâavoir la vie sauve, Turkey accuse injustement Vienna de complicitĂ©. Pendant quâon les emmĂšne pour ĂȘtre pendus, Emma met le feu au saloon. Johnny parvient Ă sauver Vienna ; ils se rĂ©fugient dans le repaire de Dancing Kid oĂč ils sont assiĂ©gĂ©s par les ù miliciens ĂąÂÂ, Emma en tĂȘte. Au cours des pĂ©ripĂ©ties du siĂšge, Dancing Kid et ses hommes sont abattus. Un duel au revolver oppose Emma Ă Vienna. Celle-ci, blessĂ©e, rĂ©ussit Ă abattre Emma. Les ù miliciens ĂąÂÂ, Ă©cĂ
ÂurĂ©s par ce bain de sang, laissent partir Johnny et Vienna. ThĂšme LĂąÂÂoriginalitĂ© de ce western tient en partie au fait que le personnage central soit une femme, Vienna, qui tient un saloon dans un endroit isolĂ©. Son ancien amant, Johnny Logan, redoutable ù pistolero ù connu sous le nom de Johnny Guitar, vient la retrouver au moment oĂč elle est aux prises avec une autre femme, Emma, liĂ©e Ă Dancing Kid, chef dâune bande de gangsters, qui sâoppose Ă la crĂ©ation dâune ligne de chemin de fer. Emma, dont le frĂšre est mort lors dâune attaque de diligence, accuse Vienna de complicitĂ© le shĂ©rif intime lâordre Ă Vienna de quitter la ville ; tandis que Dancing Kid attaque la bande locale. LĂąÂÂun des jeunes, Turkey, se rĂ©fugie chez Vienna, mais, pressĂ© par les hommes du shĂ©rif, il accuse Vienna. CondamnĂ©e Ă la pendaison, elle est sauvĂ©e par Johnny avec lequel elle se rĂ©fugie dans un repaire de Dancing Kid. Ils doivent subir les attaques de ù miliciens ù menĂ©s par Emma, qui se terminera par un duel au revolver entre les deux femmes. Distribution De maniĂšre un peu sommaire, on pourrait dans un premier temps opposer les marginaux â au sens social du terme Johnny, Vienna, Dancing Kid et sa bande â aux gardiens de lâestablishment McIvers, Emma et tous les notables et propriĂ©taires. Mais Ă y regarder de plus prĂšs, il est clair quâEmma ne se sert des partisans de lâordre Ă©tabli que pour assouvir sa haine, la possession et la sauvegarde de ses biens fonciers passant au second plan. De mĂȘme un personnage comme Bart ne cherche que la richesse facilement acquise ; sâil veut possĂ©der beaucoup dâargent, ce nâest pas pour rĂ©aliser un rĂȘve, câest pour en jouir comme un goret. Plus justement, la vĂ©ritable distinction sâĂ©tablit entre ceux qui sont mus par leurs sentiments amour, haine, amitiĂ©, entre ceux qui poursuivent un rĂȘve, fĂ»t-il de vengeance â câest-Ă -dire tous les personnages principaux auxquels il faut ajouter Corey et Old Tom mourant pour ne pas trahir leur amitiĂ© â et les autres â câest-Ă -dire grosso modo la foule, le troupeau. Dans ce film-lĂ , comme dans tous les films de Ray, câest la force des sentiments qui Ă©tablit le distinguo. Et plus ces sentiments sont violents, plus les personnages qui les portent deviennent fascinants et contraints dâune certaine façon Ă extĂ©rioriser cette violence pour se dĂ©fendre, attaquer, se prĂ©server⊠La violence, voilĂ bien une chose Ă laquelle tous les personnages du film ont affaire. Il y a bien sĂ»r la violence vulgaire, stupide, des â miliciens â qui ont besoin de sâencourager les uns les autres pour accomplir leur forfait. Et puis il y a lâautre violence, celle qui provient dâune rĂ©volte intĂ©rieure et qui pose un problĂšme de taille comment la maĂźtriser Ă certains moments ? Comment faire pour ne pas la laisser Ă©clater, la rendre efficace ? Vienna Tout comme Emma, câest une femme de pouvoir. Si lâon pouvait flirter du cĂŽtĂ© de la psychanalyse, on pourrait dire que le phallus, elle le possĂšde. Comme le dit lâun de ses croupiers â Jâai jamais vu une femme qui ressemble Ă ce point Ă un homme, elle me ferait douter de lâĂȘtre ! â Lâargent est un des moyens dâexprimer ce pouvoir, elle en veut⊠beaucoup â Ă combien estimez-vous la valeur de cette propriĂ©tĂ© quand vous aurez construit la ligne ? â, demande-t-elle au reprĂ©sentant des chemins de fer. Mais Vienna, câest aussi une amoureuse, une femme qui a Ă©tĂ© blessĂ©e dans son amour, et ceci peut expliquer cela. Câest pourquoi son comportement et surtout son visage ses yeux⊠expriment Ă la fois la duretĂ©, la dĂ©termination et une sorte de fĂȘlure, de cassure. On ne mâen fera plus voir, semble-t-elle dire, mais dĂšs que Johnny arrive, elle aime, elle est aimĂ©e, que souhaiter dâautre ? Emma Elle, en revanche, nâa jamais Ă©tĂ© aimĂ©e par celui quâelle aime. En lieu et place de lâamour, câest la haine qui surgit. Une telle haine, une telle dĂ©termination Ă dĂ©truire Vienna, est certes monstrueuse, mais comment sâempĂȘcher dâĂȘtre fascinĂ© par le personnage ? Elle est prĂȘte Ă tout et nâhĂ©site jamais Ă prendre des risques. Sa vie ? Elle nâa pas de sens dĂšs lors quâil nây a pas dâamour. Elle sait bien que si elle la perd, elle ne perd pas grand-chose. Mais, tant quâĂ faire, avant que Vienna ne perde la sienne â Tenez vous prĂȘte Vienna, je viens. â Je vous attends, lui rĂ©pond Vienna. Ainsi, superbe et tellement simple, le dialogue final prĂ©side-t-il au duel final entre les deux femmes Johnny Guitar Masse imposante mais placide, donnant lâimpression dâĂȘtre toujours un peu ailleurs, semblant ne jamais perdre son sang froid. Mais, Ă lâintĂ©rieur, la violence est tapie, toujours prĂȘte Ă ressurgir cf. â la leçon de tir â Ă Turkey lorsquâil le dĂ©sarme, la scĂšne au cours de laquelle Dancing Kid fait mine de sortir son revolver; dans ces deux scĂšnes, son visage se crispe, ses yeux fixent lâennemi, on le sent prĂȘt Ă tuer. Ne dit-il pas Ă Vienna, aprĂšs le hold-up quand elle lui suggĂšre de rester pour se battre en Ă©vitant une effusion de sang â Se battre câest tuer, et je ne connais pas dâautres moyens â. Mais ce quâil veut dâabord, câest Vienna quâil nâa jamais sans doute cessĂ© dâaimer â et ça change tout. Dancing Kid Un impulsif, une sorte de chien fou incapable de se maĂźtriser. Sa dĂ©cision dâattaquer la banque est prise sur un coup de tĂȘte, ses rĂ©actions, de maniĂšre gĂ©nĂ©rale, sont toujours Ă fleur de peau. Parce quâil aime Vienna, on comprend bien quâil ne puisse aimer Johnny, mais il est incapable de traĂźtrise, il a mĂȘme une certaine noblesse en lui il veut aller chercher Turkey blessĂ© et est prĂȘt Ă en assumer les risques. Ă un moment donnĂ©, avant quâil nâentraĂźne Emma dans cette danse un peu folle, on devine que sâil nây avait pas Vienna, il pourrait ĂȘtre copain avec Johnny. â Vous savez danser ? demande-t-il Ă Johnny â Vous savez jouer de la guitare ? lui rĂ©pond-il Leurs yeux se sourient. GĂ©nĂ©rique Production Republic Pictures Producteur Herbert J. Yates* ScĂ©nario Philip Yordan dâaprĂšs le roman de Roy Chanslor RĂ©alisation Nicholas Ray Assistants-rĂ©alisateurs Herb Mendelson, Judd Cox Directeur de la photo Harry Stradling Son Carman, Howard Wilson DĂ©corateurs James Sullivan, John Mc Carthy Jr et Edward G. Boyle Montage Richard L. Van Enger Musique Victor Young. La chanson â Johnny Guitar â est interprĂ©tĂ©e par Peggy Lee Effets spĂ©ciaux Howard Lydecker, Theodor Lydecker RĂ©gisseur Johny Guibbs Robes de J. Crawford Sheila OâBrien Maquillage Bob Mara Coiffures Peggy Gray * Nicholas Ray Ă©tait en fait producteur exĂ©cutif pendant le tournage, mais il a interdit que son nom fĂ»t mentionnĂ© au gĂ©nĂ©rique en tant que producteur associĂ©. Les caprices de Joan Crawford, protĂ©gĂ©e par le producteur Herbert Yates, patron de Republic Pictures, ont fait que, sâestimant amputĂ© dâune partie de son autoritĂ©, il sâest toujours refusĂ© Ă assumer ce titre. InterprĂ©tation Vienna / Joan Crawford Johnny Guitar / Sterling Hayden Emma Small /Mercedes Mc Cambridge Dancing Kid /Scott Brady John Mc Ivers / War Bond Turkey Ralston / Ben Cooper Bart Lonergan / Ernest Borgnine Old Tom /John Carradine Corey / Royal Dano Marshal Williams / Franck Ferguson Eddie /Paul Fix Mr Andrews /Rhys Williams Pete / Ian Mac Donald Ned /Will Wright Jake / John maxwell Sam / Robert Osterloh Franck / Franck Marlowe Jenks /Trevor Bardett Film Couleur Eastmancolor, procĂ©dĂ© Trucolor DurĂ© 1h 50 Distribution Acacias CinĂ©audience Visa n° 15 503 DĂ©but du tournage 19 octobre 1953 Sortie en France Novembre 1954 Sortie aux Etats-Unis 27 mai 1954 Autour du film Une portĂ©e symbolique â Jâai voulu, dit Philip Yordan, construire une histoire lyrique qui permit Ă Nick de donner libre cours Ă ses idĂ©es baroques â. Mission accomplie, pourrait-on dire Yordan, qui nâĂ©tait point sot, avait bien compris que cette sorte de rĂ©volte romantique prĂ©sente dans les films prĂ©cĂ©dents de Ray et, bien sĂ»r chez le rĂ©alisateur lui-mĂȘme, ne pouvait sâexprimer quâĂ travers une histoire mettant au premier plan lâamour et la mort. Dâautant que pour un cinĂ©aste au tempĂ©rament lyrique, ce type dâhistoire se prĂȘte volontiers Ă un traitement poĂ©tique exaltant la force des sentiments. Si, dans un chapitre prĂ©cĂ©dent, nous faisions rĂ©fĂ©rence au théùtre et Ă lâopĂ©ra, on peut Ă©galement envisager Johnny Guitar comme un poĂšme, mieux, comme une ballade, au sens moyenĂągeux du terme, câest-Ă -dire un poĂšme chantĂ© dâorigine chorĂ©graphique. On remarquera Ă ce propos que la musique de Victor Young Ă tendance hispanique le thĂšme est empruntĂ© Ă Granados est en accord, voire souligne le baroque flamboyant du film. Il en est de mĂȘme pour les couleurs oĂč lâemportent le rouge et le noir, oĂč â lâocre de la terre se marie avec lâor des flammes â Jean Wagner in â Nicholas Ray â, Ă©d Rivages, Paris, 1987. Picturalement, Johnny Guitar nâest pas sans Ă©voquer lâĂ©cole romantique française Gros, GĂ©ricault et surtout Delacroix. Par ailleurs, tout en prenant garde de ne pas tomber dans un dĂ©lire systĂ©matique, on trouve dans le film comme une symbolique des Ă©lĂ©ments le feu et la terre â et les explosions qui rĂ©unissent les deux â en tant que valeurs masculines, guerriĂšres et donc dangereuses⊠mais qui conviennent si bien aux personnages ! Lâeau, valeur fĂ©minine de refuge, de paix, de protection et peut-ĂȘtre de purification cf. la sĂ©quence finale oĂč Johnny et Vienna traversent le rideau aquatique â bouchant â la grotte, mais aussi lâeau qui oblige les personnages Ă changer de vĂȘtements quoi de plus logique que de ne pas garder des habits mouillĂ©s? Certes, mais on y insiste et, toujours sur ce registre, on peut â avec prĂ©caution â esquisser lâidĂ©e que la symbolique de lâeau ne convient guĂšre Ă nos hĂ©ros. Si lâon veut approcher le sens du film dans les deux acceptions du mot signification et direction â oĂč nous mĂšne-t-on ?, la voie royale semble bien ĂȘtre le traitement cinĂ©matographique, le style de Nicholas Ray dans Johnny Guitar, câest-Ă -dire lâorganisation poĂ©tique et symbolique de tous les Ă©lĂ©ments du film. Alors, on se rend compte que rien nâest vraiment simple, que les forces de vie et les forces de mort ne sont pas forcĂ©ment Ă lâopposĂ© sĆurs ennemies certes mais sĆurs quand mĂȘme, que la haine comme lâamour peuvent ĂȘtre Ă©galement fascinants, voire producteurs de beautĂ©, que les sentiments sont souvent ambigus et quâon peut difficilement les mettre en cage. Cela, on le savait dĂ©jĂ , mais il est bon que certains films nous le rappellent. Alain Carbonnier Autres points de vue Deux films en un â En filigrane de ses thĂšmes et dâune mise en scĂšne trĂšs inventive et cependant sans effets extĂ©rieurs, apparaĂźt trĂšs clairement la personnalitĂ© de lâauteur quâil est aisĂ© de deviner hypersensible et dâune sincĂ©ritĂ© absolue. [âŠ] Il y a deux films dans Johnny Guitar celui de Ray les rapports entre les deux hommes et les deux femmes, la violence et lâamertume et tout un bric-Ă -brac extravagant du â style Joseph von Sternberg â absolument extĂ©rieur Ă lâĆuvre de Ray, mais qui, ici, nâen est pas moins attachant. â François Truffaut, in â Arts â, fĂ©vrier 1955. Un artiste â Câest grĂące Ă des artistes courageux comme Nicholas Ray que certains AmĂ©ricains sont enfin atteints dans leur bonne conscience et que lâinjustice, sans disparaĂźtre, ne triomphe que plus rarement lĂ -bas et dans lâombre. Un artiste, oui. Et câest ce qui conserve Ă ce film si dĂ©cevant ses beautĂ©s. MalgrĂ© les imperfections dâun procĂ©dĂ©, curieusement appelĂ© Trucolor, câest par son utilisation de la couleur que Nicholas Ray nous prouve le mieux, dans Johnny Guitar, sa maĂźtrise. â Claude Mauriac, in â Le Figaro littĂ©raire â, juillet 1965. Du western Ă la tragĂ©die â On dit de Johnny Guitar que câĂ©tait avant tout un film de regards. De fait, tout se lit dans les yeux et sur le visage des personnages, et leurs attitudes sont, elles aussi, rĂ©vĂ©latrices. Nicholas Ray a fait de ces hĂ©ros de western des ĂȘtres que lâamour et la haine transforment au point dâatteindre la tragĂ©die. [âŠ] Nicholas Ray a jouĂ© avec les couleurs de façon particuliĂšrement originale et symbolique. Le blanc pour Joan Crawford injustement accusĂ©e, le noir pour Mercedes Mc Cambridge et sa bande, la couleur de la haine. â Robert Chazal, in â France-Soir â, juin 1986. VidĂ©os Journaliste spĂ©cialisĂ© dans la pop culture Tutotal, Tellement gay !, Dress Code, Maxime Donzel est lâauteur du livre Joan Crawford, Hollywood Monster Capricci, 2019. Pistes de travail Les caractĂšresDĂ©velopper les â caractĂšres â. Le film se prĂȘte bien Ă une analyse des personnages, de leurs affects, de leurs motivations, de maniĂšre gĂ©nĂ©rale de leur psychologie. Câest peut-ĂȘtre le moyen le plus simple et le plus efficace dâentamer le dĂ©bat et dĂ©jĂ de mettre en Ă©vidence des ambivalences, voire des ambiguĂŻtĂ©s. La mise en scĂšneAborder la mise en scĂšne qui fuit tout naturalisme. Montrer comment elle se propose de produire des effets de sens Ă partir dâune esthĂ©tique trĂšs stylisĂ©e. PossibilitĂ© de commencer par les oppositions et les contrastes par exemple, le noir des vĂȘtements de la â milice â et dâEmma y compris de leurs chevaux opposĂ©, dans la deuxiĂšme moitiĂ© du film, aux vĂȘtements clairs ou flamboyants de Vienna robe blanche, puis chemisiers rouge et jaune.PrĂ©ciser quâil sâagit lĂ dâune esthĂ©tique de lâaffrontement, pas dâune volontĂ© manichĂ©enne avec dâun cĂŽtĂ© seulement des â bons â et de lâautre uniquement des â mĂ©chants â.Recouper cette approche avec lâanalyse des caractĂšres La couleurToujours dans cette perspective, mettre en Ă©vidence les deux couleurs fondamentales du film le noir ou le trĂšs sombre et le rouge ou des couleurs sâen approchant tels lâocre de la terre et de la poussiĂšre, le feu, etc Ces couleurs ne signifient-elles pas quâon se trouve dans une sorte dâenfer des passions ? La théùtralitĂ©Esquisser lâidĂ©e quâun tel parti pris est proche â au bon sens du terme -â dâune mise en scĂšne de théùtre ou dâopĂ©ra dĂ©cors, costumes, Ă©clairages, couleurs, bien sĂ»r, et le dĂ©placement des personnages. La direction dâacteursEnchaĂźner sur la direction des acteurs et des figurants, trĂšs organisĂ©e pour ce qui concerne les dĂ©placements dans lâespace aspect chorĂ©graphique du film et, au contraire, assez libre pour ce qui concerne le jeu des comĂ©diens. Le romantisme de lâoeuvrePossibilitĂ© de conclure par une rĂ©flexion sur le romantisme avec des rĂ©fĂ©rences théùtrales, picturales ou littĂ©raires. Avec les Ă©lĂšves les plus ĂągĂ©s ou les plus motivĂ©s, possibilitĂ© Ă©galement dâaborder lâesthĂ©tique baroque et lâinfluence du grand architecte amĂ©ricain, Wright, non seulement sur la construction de la maison mais aussi sur lâorganisation de lâespace sur Ray cinĂ©aste europĂ©en ?Mise Ă jour 17-06-04 ExpĂ©riences LâapogĂ©e du â western adulte â Selon lâexpression dâAndrĂ© Bazin, le dĂ©but des annĂ©es cinquante correspond Ă lâapogĂ©e du â western adulte â. Pour ne citer que les films les plus connus tournĂ©s ou sortis en 1952 et 1953, la liste est impressionnante Le Train sifflera trois fois Fred Zinneman, La Captive aux yeux clairs Howard Hawks, LâHomme des vallĂ©es perdues George Stevens, LâAppĂąt Anthony Mann, LâAnge des maudits Fritz Lang, Bronco Apache Robert Aldrich, La RiviĂšre sans retour Otto Preminger, Quatre Ătranges Cavaliers Allan Dwan. Du mĂȘme Dwan, il faut citer La Femme qui faillit ĂȘtre lynchĂ©e rarement pour ne pas dire jamais mentionnĂ©e par les exĂ©gĂštes de Johnny Guitar, car ce film se clĂŽt lui aussi sur un duel entre deux femmes ; or si des conflits fĂ©minins apparaissent dans beaucoup des westerns, ce sont peut ĂȘtre les deux seuls du cinĂ©ma parlant Ă mettre en scĂšne un tel duel sous rĂ©serve de plus ample inventaire. Le rapprochement est dâautant plus intĂ©ressant que La Femme qui faillit ĂȘtre lynchĂ©e est Ă©galement une production de Republic Pictures pour laquelle Dwan travailla de 1945 Ă 1956. Si Johnny Guitar fut un succĂšs financier, il fut en revanche Ă quelques exceptions prĂšs, fraĂźchement accueilli aux Etats-Unis, surtout par la critique corporative, trĂšs majoritairement nĂ©gative. Câest en Europe et plus particuliĂšrement en France, que le film trouva bon nombre dâadmirateurs ce sera le cas de la plupart des films de Ray. Gavin Lambert mettra en avant â la folie fascinante et monstrueuse â de â ce western extravagant â et François Truffaut, dans â Arts â parlera de Johnny Guitar comme de La Belle et la BĂȘte du western. Enfin, venant juste aprĂšs la dure pĂ©riode du Maccarthysme, le film eut quelques ennuis avec la censure. Il est vrai que les milices dĂ©chaĂźnĂ©es des propriĂ©taires et des notables, de mĂȘme que la sĂ©quence oĂč Turkey est quasiment forcĂ© de dĂ©noncer Vienna pour sauver sa peau, peuvent faire rĂ©fĂ©rence Ă ces annĂ©es noires, dâautant que Ray et surtout son scĂ©nariste mettent en avant de telles intentions. NĂ©anmoins, il serait excessif de voir en Johnny Guitar une parabole antimaccarthyste. Comme le dit Jean Wagner dans son ouvrage sur Nicholas Ray â Si tout les films montrant la bĂȘtise de la foule sont des Ćuvres antimaccarthystes, on a fait des films de ce genre bien avant que le sinistre sĂ©nateur devienne cĂ©lĂšbre. â Sans Ă©liminer pour autant cette dimension historique, il faut rappeler que toute lâĆuvre de Ray et Johnny Guitar en particulier porte en elle la nĂ©cessitĂ© de la rĂ©volte et de la rĂ©bellion contre lâestablishment et ses possibles dĂ©rives fascistes.
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Western Le bon, la brute et le truand est ce soir Ă 22h40 sur France 3. Duel au soleil, Rio Bravo, Impitoyable, Johnny Guitare, L'Homme de la plaine... Et s'il fallait n'en garder que 25 ? Le jeu des classements est difficile, Ă©prouvant et douloureux pour les cinĂ©philes. Mais il est Ă©galement drĂŽle, stimulant et irrĂ©sistible. Ăcran Large a eu la folle et bĂȘte idĂ©e de trier les westerns, pour arriver Ă un top 25, numĂ©rotĂ© du plus ancien au plus rĂ©cent. Beaucoup de grands films manquent Ă l'appel c'est certain, mais les vingt-cinq films choisis sont incontestablement parmi les meilleurs du genre en tout cas pour nous, et c'est dĂ©jà ça, rappelant tous Ă leur maniĂšre Ă quel point le western reste majeur dans le septiĂšme art. dossier mis Ă jour en novembre 2021 Comment ça je ne suis pas dans tous les films de ce top 25 ? CLASSEMENT WESTERNS DANS L'ORDRE CHRONOLOGIQUE 25. LA CHEVAUCHĂE FANTASTIQUE Sortie 1939 - DurĂ©e 1h37 Fast & Furious, le vrai De quoi ça parle En 1885, les Indiens sont sur le sentier de la guerre avec, Ă leur tĂȘte, le cĂ©lĂšbre Geronimo. Une diligence abritant un groupe de civils est prĂȘte Ă partir d'Arizona, pour se rĂ©fugier dans la ville de Lordsburg, mais doit pour cela passer par une route dangereuse. Le voyage se dĂ©roule alors dans une atmosphĂšre de plus en plus tendue. Pourquoi c'est gĂ©nial Western matriciel Ă plus dâun titre, Ă lâinfluence capitale pour bon nombre de cinĂ©astes Welles ayant avouĂ© lâavoir vu 40 fois Ă lâĂ©poque du tournage de Citizen Kane pour comprendre comment raconter une histoire au cinĂ©ma, La ChevauchĂ©e fantastique est le film qui a imposĂ© mondialement le nom de John Ford. En sâinspirant dâune nouvelle de Guy de Maupassant Boule de suif, le cinĂ©aste offre Ă son western lâune des narrations les plus amĂ©ricaines qui soient le road movie. Avec une Ă©conomie de mouvements de camĂ©ra qui nous fait rĂȘver aujourdâhui, Ford parvient nĂ©anmoins Ă crĂ©er un dynamisme et une tension extrĂȘme au cours de cette poursuite spectaculaire entre une diligence et les Indiens. Huis clos le plus majestueux du monde ah, ces plans grandioses de Monument Valley que le rĂ©alisateur sait et saura filmer comme personne..., La ChevauchĂ©e fantastique est Ă plus dâun titre, comme lâĂ©crit si justement Jacques Lourcelles, la quintessence du western classique ». 24. LA CHARGE FANTASTIQUE Sortie 1941 - DurĂ©e 2h20 La Charge romantique, aussi De quoi ça parle ĂlĂšve mĂ©diocre de West Point, Custer se retrouve nommĂ© gĂ©nĂ©ral aprĂšs une erreur d'administration durant la guerre de SĂ©cession. AprĂšs la bataille sanglante d'Hanovre, un homme d'affaires avec des appuis politiques ravive les guerres indiennes et parvient Ă discrĂ©diter Custer, jusqu'au cĂ©lĂšbre massacre de Little Big Horn. Pourquoi c'est gĂ©nial Le rĂ©alisateur Raoul Walsh se fiche de la vĂ©ritĂ© historique du gĂ©nĂ©ral George Armstrong Custer, figure lĂ©gendaire de la cavalerie durant la Guerre de SĂ©cession, puis dans les guerres indiennes du XIXe siĂšcle. Ce qui l'intĂ©resse, c'est sa vision du hĂ©ros et ses valeurs morales, avec la peinture d'un homme lĂ©ger, extravagant et plus intĂ©ressĂ© par la gloire que l'argent. PremiĂšre d'une longue collaboration entre le cinĂ©aste et Errol Flynn qui se retrouveront notamment pour Gentleman Jim, Aventures en Birmanie et Le Saboteur sans gloire, La charge fantastique est un western Ă©pique, tragique et politique, qui donne toute la mesure du gĂ©nie de son auteur. C'est aussi la derniĂšre et probablement la plus belle collaboration du couple mythique de la Warner, formĂ© par Olivia de Havilland et Errol Flynn - quelle scĂšne d'adieu. Car c'est aussi une sublime et bouleversante histoire d'amour, qui a certainement contribuĂ© Ă faire du film un immense succĂšs Ă l'Ă©poque. 23. DUEL AU SOLEIL Sortie 1946 - DurĂ©e 2h18 "Je suis trĂšs bien lĂ oui oui" De quoi ça parle Scott Chavez est condamnĂ© Ă la pendaison pour avoir assassinĂ© sa femme indienne et son amant. Avant de mourir, il confie sa fille Ă une ancienne amie installĂ©e dans un ranch texan avec son mari, un sĂ©nateur infirme, et ses deux fils. Son accueil n'est pas des plus chaleureux de la part du pĂšre de famille, Ă cause de son mĂ©tissage, bien qu'elle plaise immĂ©diatement aux deux frĂšres. Pourquoi c'est gĂ©nial Ătonnant film, qui compte une pelletĂ©e de poids lourds en coulisses. Car si le film est officiellement signĂ© King Vidor, les conflits entre le rĂ©alisateur et le producteur David O. Selznick ont menĂ© Ă une production lĂ©gĂšrement chaotique, oĂč William Dieterle, Josef von Sternberg, Otto Brower, Sidney Franklin, William Cameron Menzies et Selznick lui-mĂȘme ont pris part Ă l'Ćuvre. Ă l'Ă©cran, il y a Gregory Peck, Joseph Cotten, Jennifer Jones nommĂ©e Ă l'Oscar de la meilleure actrice, ou encore Lillian Gish nommĂ©e comme meilleur second rĂŽle, et la voix d'Orson Welles en narrateur. AdaptĂ© du roman de Niven Busch, Duel au soleil raconte l'histoire de deux frĂšres, qui se disputent l'amour d'une femme. ArrivĂ©e dans un ranch au milieu du Texas suite Ă la pendaison de son pĂšre, qui avait tuĂ© sa mĂšre, la jeune femme mĂ©tisse indienne va tenter de rĂ©sister aux avances des deux hommes. D'abord lancĂ© sur une note dramatique, le film s'envole vite vers les cimes de la pure tragĂ©die, un peu extrĂȘme. Les personnages rappellent la piĂšce la plus noire de Corneille, Rodogune, et le technicolor donne Ă ces luttes amoureuses quelque chose de spectaculaire. Duel au soleil a notamment marquĂ© par son climax, encore aujourd'hui un aboutissement de la passion vĂ©nĂ©neuse au cinĂ©ma. 22. LA RIVIĂRE ROUGE Sortie 1948 - DurĂ©e 2h13 Un duo ravageur De quoi ça parle Un jeune homme, Matthew, s'oppose Ă son pĂšre adoptif, Tom, devenu trop tyrannique avec ses hommes lors du convoi exceptionnel d'un troupeau de dix mille bĂȘtes qu'ils doivent vendre dans le Missouri. En route, Matthew abandonne Tom, qui jure de le retrouver et de se venger. Pourquoi c'est gĂ©nial "Je ne savais pas que ce salopard savait jouer !". VoilĂ ce qu'aurait dit John Ford en dĂ©couvrant John Wayne dans La RiviĂšre rouge, oĂč la star du western incarne un homme autoritaire, dont l'autoritĂ© est remise en question par son protĂ©gĂ©, recueilli lorsqu'il Ă©tait enfant. TournĂ© en noir et blanc par Howard Hawks, qui le prĂ©fĂ©rait au Technicolor, le film a connu quelques problĂšmes en post-production Hawks a changĂ© de monteur, a dĂ©cidĂ© de raccourcir et allĂ©ger la narration, puis a dĂ» revenir sur le montage lorsque Howard Hughes l'a accusĂ© d'avoir copiĂ© le climax de Le Banni oĂč Hawks avait travaillĂ© comme co-rĂ©alisateur, non crĂ©ditĂ©. Ă noter Ă©galement que Arthur Rosson, rĂ©alisateur de seconde Ă©quipe de La RiviĂšre rouge, est crĂ©ditĂ© officiellement comme co-rĂ©alisateur. La RiviĂšre rouge, c'Ă©tait le premier western de Howard Hawks. C'Ă©tait l'un des premiers grands rĂŽles dramatiques, nuancĂ©s, rĂ©ellement complexes de John Wayne. C'Ă©tait aussi la rencontre entre cette lĂ©gende et Montgomery Clift, qui faisait ses premiers pas au cinĂ©ma mĂȘme si Les Anges marquĂ©s sortira avant vu la post-production compliquĂ©e. 21. LA CHARGE HĂROĂQUE Sortie 1949 - DurĂ©e 1h43 Les trois cavaliers De quoi ça parle AprĂšs la dĂ©faite de Custer Ă Little Big Horn, la tension sâintensifie aux frontiĂšres de lâOuest amĂ©ricain, oĂč les tribus indiennes commencent Ă se regrouper pour partir en guerre contre les visages pĂąles », qu'ils veulent chasser de leurs terres. Ă la veille de sa retraite, le capitaine Nathan Brittles doit alors faire face Ă ce soulĂšvement et Ă©viter le bain de sang. Pourquoi c'est gĂ©nial Des trois films que John Ford a consacrĂ©s Ă la cavalerie entre Le Massacre de Fort Apache et Rio Grande, La charge hĂ©roĂŻque est sans doute celui oĂč transparaĂźt le plus lâhumanisme du cinĂ©aste. Ă lâimage de son titre anglais infiniment plus juste dans lâunivers de la cavalerie, une femme amoureuse se pare dâun ruban jaune pour indiquer Ă tous que son cĆur est pris, ce sont ici les rapports humains qui priment, bien plus que cette fameuse charge. Ă ce titre, la performance de John Wayne noue plus dâune fois les tripes. Et John Ford de le filmer avec une tendresse et admiration qui nâont peut ĂȘtre jamais paru aussi Ă©videntes. La lĂ©gende raconte qu'Ă l'origine, le rĂ©alisateur ne voulait justement pas le caster notamment, car il Ă©tait trop jeune pour ce rĂŽle, avant que sa performance dans La RiviĂšre rouge ne lui fasse changer d'avis. Ă la fin du tournage de La Charge hĂ©roĂŻque, Ford lui aurait mĂȘme offert un petit gĂąteau, avec un message "Maintenant, tu es un acteur". Sentiment pas forcĂ©ment partagĂ© par ses contemporains, Ă tel point que John Wayne aurait toujours gardĂ© un peu d'amertume, lui qui considĂ©rait que c'Ă©tait parmi ses meilleurs rĂŽles. Visuellement splendide avec le Technicolor Oscar de la meilleure photographie, dotĂ© dâune charge Ă©motionnelle rare explosant dans un final inoubliable, le film mĂ©rite amplement de figurer dans le top 10 des meilleurs westerns du monde. 20. WINCHESTER 73 Sortie 1950 - DurĂ©e 1h32 Ă armes Ă©gales De quoi ça parle Lin McAdam arrive Ă Dodge City. Il recherche depuis longtemps Dutch Henry Brown dont il veut se venger. Alors quâil participe Ă un concours de tir, il gagne le premier prix une Winchester modĂšle 73, l'arme emblĂ©matique qui a conquis le Far West. Mais Dutch, qui Ă©tait parmi les concurrents, lui vole la prĂ©cieuse carabine. Pourquoi c'est gĂ©nial Parce que le premier western du duo Anthony Mann-James Stewart est aussi l'un des plus rĂ©ussis. Ă l'origine prĂ©vu avec Fritz Lang Ă la rĂ©alisation, avant que le studio Universal ne lui refuse un rĂŽle de producteur, le film Winchester 73 a Ă©voluĂ© avec l'arrivĂ©e de Mann, et des réécritures du scĂ©nario de Borden Chase et Robert L. Richards. James Stewart, lui, a en partie acceptĂ© pour pouvoir tourner Harvey, un projet plus risquĂ© que le studio avait du mal Ă valider. Le film a justement marquĂ© les esprits grĂące Ă son scĂ©nario astucieux, basĂ© sur la fameuse arme du titre qui passe de main en main, et traverse la grande lĂ©gende de lâOuest. C'est aussi la dĂ©finition dâun nouveau hĂ©ros amĂ©ricain qui est notable ici, presque antipathique par sa volontĂ© dâindĂ©pendance absolue, mais dont on admire au final la rĂ©solution et la volontĂ© de justice. 19. LA FLĂCHE BRISĂE Sortie 1950 - DurĂ©e 1h33 Une amitiĂ© au nom de la paix De quoi ça parle En 1870, pendant les Guerres indiennes, Tom Jeffords James Stewart, ancien Ă©claireur devenu chercheur d'or, soigne un jeune guerrier indien mordu par un serpent et rencontre des Apaches, qui lui laissent la vie sauve. Apprenant que l'arrivĂ©e du courrier est menacĂ©e par les attaques des Indiens, lassĂ© par les tueries, Tom se rend alors dans la citadelle du chef indien Cochise pour Ă©tablir la paix entre les deux peuples. Pourquoi c'est gĂ©nial Parce que s'il n'est pas le premier western antiraciste de l'histoire du genre, La FlĂšche BrisĂ©e peut en revanche ĂȘtre considĂ©rĂ© comme le premier western Ă dresser un portrait honnĂȘte des AmĂ©rindiens, reprĂ©sentĂ©s comme des ĂȘtres sauvages et primitifs dans le western classique et les sĂ©ries B. Ayant effectuĂ© plusieurs sĂ©jours dans des tribus amĂ©rindiennes durant sa vie, Delmer Daves dĂ©voile la culture amĂ©rindienne et ses traditions avec une justesse et une humanitĂ© qui confĂšrent toute leur force au film au-delĂ des interprĂ©tations magistrales de James Stewart et Jeff Chandler. Ă travers ce rapprochement entre Jeffords et Cochise, La FlĂšche BrisĂ©e traite de la communication entre deux camps opposĂ©s Ă une pĂ©riode oĂč le maccarthysme frappait Hollywood, montre que la paix n'arrive pas sans sacrifice et marque le dĂ©but d'un progressisme pro-indien dans le western, qui se retrouvera quelques mois plus tard dans La Porte du Diable rĂ©alisĂ© par Anthony Mann toujours avec James Stewart, puis dans Bronco Apache, Little Big Man ou encore Danse Avec Les Loups. 18. RIO GRANDE Sortie 1951 - DurĂ©e 1h45 Un couple mythique De quoi ça parle Un colonel de la cavalerie amĂ©ricaine accueille son fils dans son rĂ©giment. La mĂšre de Jeff intervient auprĂšs de son Ă©poux pour qu'il n'accepte pas le jeune homme dans sa garnison. La conquĂȘte de l'Ouest et la guerre contre les Indiens font rage et la mĂšre craint pour la vie de son fils alors qu'une terrible bataille contre les Apaches se prĂ©pare. Pourquoi c'est gĂ©nial Rio Grande est le dernier des trois films rĂ©alisĂ©s par John Ford sur la cavalerie amĂ©ricaine, aprĂšs Le Massacre De Fort Apache oĂč John Wayne incarne dĂ©jĂ Kirby York et La charge hĂ©roĂŻque. C'est aussi la premiĂšre rencontre du couple mythique John Wayne-Maureen O'Hara, qui se retrouveront notamment dans L'Homme tranquille, L'aigle vole au soleil et Big Jake. MotivĂ© par la perspective de rĂ©aliser L'Homme tranquille juste aprĂšs, pour aller dans la romance, John Ford laisse ici parler ses sentiments et particuliĂšrement son humanisme. Au dĂ©triment de l'action, il s'intĂ©resse au couple. Il met en opposition leur amour et le devoir du soldat, Kirby Ă©tant tiraillĂ© entre son cĆur homme, et ses obligations de soldat. 17. LA CAPTIVE AUX YEUX CLAIRS Sortie 1952 - DurĂ©e 2h20 Petits hommes et grand ciel De quoi ça parle Deux amis libĂ©rĂ©s de prison partent avec un groupe d'aventuriers qui cherchent, en remontant le Missouri, Ă devancer la compagnie qui domine le commerce des fourrures. La jeune Teal Eye, fille d'un chef indien, les accompagne pour faciliter le contact avec sa tribu. Pourquoi c'est gĂ©nial Exaltation de la figure des trappeurs, qui dĂ©frichĂšrent les territoires inconnus au-delĂ de la derniĂšre frontiĂšre, La Captive Aux Yeux Clairs est un des modĂšles les plus hawksiens » du genre. En sâappuyant sur la rivalitĂ© de deux aventuriers aux caractĂšres trempĂ©s qui sâaffrontent pour les beaux yeux dâune Indienne, Howard Hawks sâamuse Ă assoir la reprĂ©sentation du mĂąle moderne amĂ©ricain. Une idĂ©e qui fait Ă©cho Ă son prĂ©cĂ©dent et premier western, La RiviĂšre rouge. Le cinĂ©aste n'en oublie pas pour autant le cĂŽtĂ© picaresque de lâaventure, d'oĂč un merveilleux catalogue dâimages. Le relief philosophique qui affleure par moment trouve des Ă©chos dans une pĂ©riode qui prĂŽne le respect de la nature, et le casting parfait Kirk Douglas, Elizabeth Threatt, Dewey Martin, et Arthur Hunnicutt qui sera nommĂ© aux Oscars termine d'en faire une belle rĂ©ussite. Ce sera nĂ©anmoins le seul film d'Elizabeth Threatt, visiblement Ă©coeurĂ©e par Hollywood. Pur projet de commande du studio RKO, qui avait besoin d'un succĂšs comme La RiviĂšre rouge, La Captive aux yeux clairs a Ă©tĂ© victime de sa nature puisque les producteurs dĂ©cident de raccourcir le film d'une quinzaine de minutes, pour l'exploiter sur plus de sĂ©ances. Un choix peu inspirĂ©, et qui n'a pas empĂȘchĂ© au film d'ĂȘtre un Ă©chec commercial. 16. JOHNNY GUITARE Sortie 1954 - DurĂ©e 1H50 Qui est la Belle, qui est la BĂȘte ? De quoi ça parle âââTenanciĂšre d'un casino-saloon, Vienna embauche Johnny Logan, un homme qu'elle a connu autrefois, comme musicien. Ils vont ĂȘtre la cible d'Emma Small, une riche propriĂ©taire puritaine jalouse de Vienna et de sa relation avec le "dancing kid", qu'elle croit Ă l'origine de la mort de son frĂšre. Pourquoi c'est gĂ©nial Comme son titre ne l'indique pas, Johnny Guitare est un film sur une femme. Le film a beau porter le nom du personnage incarnĂ© par Sterling Hayden, c'est bien Joan Crawford la star, dans la peau d'une tenanciĂšre de saloon pas comme les autres. Baroque, fĂ©ministe, le film rĂ©alisĂ© par Nicholas Ray doit Ă©normĂ©ment Ă l'actrice, qui avait achetĂ© les droits du livre de Roy Chanslor. Mais il y a aussi ce dĂ©cor d'immense saloon vide, Ă flanc de montagne, semblable Ă une grotte ; et la photographie rougeoyante de Harry Stradling, avec le procĂ©dĂ© Truecolor. LĂ encore, l'histoire derriĂšre le film est savoureuse, avec une formidable mĂ©sentente entre les acteurs, notamment Joan Crawford et Mercedes McCambridge, Ă©talĂ©e dans la presse. Le rĂ©alisateur en garda lui-mĂȘme un mauvais souvenir, d'autant que Johnny Guitare n'a pas vraiment Ă©tĂ© un succĂšs Ă sa sortie. Admirateur du film, Martin Scorsese racontera que le public amĂ©ricain ne savait comment juger cette Ćuvre moderne, hĂ©sitant entre en rire et l'ignorer, tandis que le public europĂ©en l'a accueilli avec enthousiasme. Truffaut notamment l'a encensĂ© dans Les Cahiers du cinĂ©ma, dĂ©crivant une version de La Belle et la BĂȘte en western. 15. L'HOMME DE LA PLAINE Sortie 1955 - DurĂ©e 1h44 Un dernier pour la route De quoi ça parle Le taciturne Will Lockhart livre des marchandises en provenance de Laramie dans le Coronado, un lieu perdu jouxtant un territoire apache qui a rĂ©cemment dĂ©cimĂ© une colonne de l'armĂ©e. Une fois sa livraison effectuĂ©e, il cherche Ă comprendre comment les Apaches se sont fourni leurs fusils avec lesquels ils ont tuĂ© les soldats, et part Ă la recherche du mystĂ©rieux trafiquant d'armes derriĂšre tout ça. Pourquoi c'est gĂ©nial Pierre angulaire dâune Ćuvre qui dĂ©finissait complĂštement le hĂ©ros dit mannien », L'Homme de la plaine fut le dernier des westerns quâAnthony Mann tourna avec James Stewart. La fin d'un beau cycle de cinq films, aprĂšs Winchester 73, Les Affameurs, L'AppĂąt et Je suis un aventurier, sachant que les deux hommes devaient se retrouver pour Le Survivant des monts lointains, que le rĂ©alisateur dĂ©clina. Mann raconte que l'acteur lui en a toujours un peu voulu. James Stewart incarne ici Will Lockhart, qui s'attarde dans une petite ville suite Ă une attaque des Indiens contre l'armĂ©e. DĂ©peignant Ă nouveau lâhistoire dâun solitaire qui est Ă la fois aux prises avec les passions humaines quâil tente dâĂ©viter sans succĂšs et une nature parfois hostile mais dont il fait intimement partie, LâHomme de la Plaine est la forme dâexpression la plus pure du western. MagnifiĂ© par des prises de vue au CinĂ©mascope qui supplantent en beautĂ© mĂȘme celles de John Ford, et dominĂ© de la tĂȘte et des Ă©paules par un acteur qui rĂ©ussit Ă faire oublier son style all-american » pour incarner un des hĂ©ros les plus ambivalents du genre. Par la suite, Anthony Mann partagera quelques regrets sur le film, notamment l'identitĂ© du personnage interprĂ©tĂ© par James Stewart il aurait aimĂ© que ce soit le frĂšre aĂźnĂ©, qui dĂ©couvre Ă la fin que son pĂšre est le responsable du trafic d'armes, plutĂŽt qu'un Ă©tranger. Le producteur a refusĂ© cette idĂ©e. Dans tous les cas, L'Homme de la plaine reste un classique du western. 14. LA PRISONNIĂRE DU DĂSERT Sortie 1956 - DurĂ©e 2h Le noir derriĂšre la couleur De quoi ça parle Au Texas, Aaron Edwards et sa famille sont tuĂ©s par des Indiens Comanches qui attaquent son ranch et enlĂšvent ses deux filles, Lucy et Debbie. Ethan, le frĂšre d'Aaron, dĂ©couvre le drame et se lance sur les traces des ravisseurs avec deux autres compagnons, son neveu et le fiancĂ© de Lucy. Pourquoi c'est gĂ©nial Un film puissant qui dĂ©tonne avec le reste de l'oeuvre de John Ford. Plus pessimiste, plus noir, John Wayne y interprĂšte Ethan, un homme Ă la recherche de sa niĂšce enlevĂ©e par les Indiens, aprĂšs que sa famille ait Ă©tĂ© massacrĂ©e. HĂ©ros fordien de par sa quĂȘte et sa volontĂ© inflexible, Wayne en est aussi la nĂ©gation un homme qui renoncera Ă ses valeurs pour atteindre son but. Ce monde qui s'Ă©teint est dĂ©sormais bien plus complexe Ă dĂ©chiffrer, au-delĂ des lignes si faciles entre les gentils et les mĂ©chants. DĂšs son ouverture, exceptionnelle, le film illustre sans pareil la dĂ©rĂ©liction d'un certain Ouest, alors en pleine transformation. Fable philosophique et politique, La PrisonniĂšre du dĂ©sert transcende pas Ă pas les codes du cinĂ©ma dont il est issu, jusqu'Ă un final poignant en forme d'adieu. L'image de John Wayne s'Ă©loignant de dos n'est d'ailleurs pas devenue cĂ©lĂšbre sans raison elle est le meilleur hĂ©raut de ce film Ă part, comme de la filmographie de son auteur. 13. RIO BRAVO Sortie 1959 - DurĂ©e 2h21 Incontournable De quoi ça parle John T. Chance est le shĂ©rif de la petite ville de Rio Bravo, dont il a quelques difficultĂ©s Ă maintenir l'ordre. Son premier adjoint, Dude, est un alcoolique notoire, et l'autre, Stumpy, un vieillard boiteux. Un jour, Dude se fait tabasser par Joe Burdette, le frĂšre cadet de l'homme le plus puissant de la rĂ©gion, et se fait arrĂȘter par le shĂ©rif, dĂ©clarant ainsi la guerre Ă la bande de Burdette. Pourquoi c'est gĂ©nial C'est l'essence du western le shĂ©rif droit et juste, les mĂ©chants retords prĂȘt Ă abattre lĂąchement le hĂ©ros, la longue rue dĂ©serte et poussiĂ©reuse, le saloon, les Ă©changes de tirs, le crescendo jusqu'Ă ce que la poudre parle... Mais Rio Bravo, c'est aussi une histoire de rĂ©demption Ă©mouvante, une romance pittoresque sublime, un humour truculent et un apartĂ© musical anthologique. Le film rĂ©alisĂ© par Howard Hawks est rempli de scĂšnes mĂ©morables l'entrĂ©e par devant du saloon de Dude tentant de surmonter son alcoolisme ; les joutes verbales entre Chance et Feathers, Ă©ternels tourtereaux qui ont du mal Ă avouer leurs sentiments ; le sauvetage Ă©clair de Chance par Colorado ; le duel final Ă coups de dynamite, cadrĂ© de maniĂšre aussi stupĂ©fiante qu'Ă©vidente avec une musique lancinante magique de Dimitri Tiomkin. ConsidĂ©rĂ© comme une rĂ©ponse au Train sifflera 3 fois rĂ©alisĂ© par Fred Zinnemann, Ă©galement comparĂ© Ă 3H10 Pour Yuma, largement copiĂ© depuis notamment par John Carpenter pour concocter Assaut, Rio Bravo respire le cinĂ©ma Ă chaque plan. Un trĂšs grand western, et un film essentiel. 12. LES SEPT MERCENAIRES Sortie 1960 - DurĂ©e 2h08 Tous pour un, et un pour sept De quoi ça parle Un petit village mexicain subit les attaques incessantes d'une bande de pilleurs. AccablĂ©s par la situation, les paysans rĂ©unissent leurs maigres Ă©conomies pour trouver du soutien, et notamment des armes, de l'autre cĂŽtĂ© de la frontiĂšre amĂ©ricaine. Une fois sur place, un vĂ©tĂ©ran nommĂ© Chris Adams leur explique qu'il serait plus efficace d'embaucher des tireurs professionnels pour repousser le prochain assaut. Ensemble, ils recrutent donc six autres mercenaires. Pourquoi c'est gĂ©nial Une Ă©vidence. Plus qu'une version des Sept samouraĂŻs rĂ©alisĂ© par Akira Kurosawa, Les Sept mercenaires est une vĂ©ritable relecture Ă l'aune des valeurs amĂ©ricaines, mise en scĂšne avec talent par John Sturges. Et bien sĂ»r, c'est un casting de haut vol. Yul Brynner, Steve McQueen, Charles Bronson, Robert Vaughn, James Coburn, Horst Buchholz et Brad Dexter forment une bande inoubliable, rĂ©unie pour protĂ©ger un petit village de paysans mexicains face Ă des bandits. LĂ encore, il y avait des tensions sur le plateau, notamment une bataille d'ego entre Steve McQuenn et Yul Brynner, certainement accentuĂ©e par l'envie de crĂ©er une lĂ©gende sur un film lĂ©gendaire. Difficile de ne pas mentionner Ă©galement la musique composĂ©e par Elmer Bernstein. Ă l'Ă©poque, Les Sept Mercenaires a Ă©tĂ© fraĂźchement reçu par la critique et le public, particuliĂšrement aux Ătats-Unis. Depuis, c'est devenu un classique absolu, qui a donnĂ© trois suites Le retour des Sept, Les colts des sept mercenaires, La ChevauchĂ©e des sept mercenaires, une version SF Les Mercenaires de l'espace, une sĂ©rie Ă la fin des annĂ©es 90, et un remake en 2016. 11. LâHOMME QUI TUA LIBERTY VALANCE Sortie 1961 - DurĂ©e 2h03 La vie est belle, qu'ils disaient De quoi ça parle En 1910, le sĂ©nateur Stoddard et sa femme Hallie retournent dans l'Ouest, Ă Shinbone, pour l'enterrement de leur vieil ami Tom Doniphon. IntriguĂ©, un journaliste lui demande les raisons de sa prĂ©sence et Stoddard, d'abord rĂ©ticent, finit par lui raconter comment, 25 ans plus tĂŽt, il a dĂ©barquĂ© dans l'Ouest, idĂ©aliste et fraĂźchement diplĂŽmĂ© en droit. Mais aussi comment il a fait la rencontre de Liberty Valance, un bandit de notoriĂ©tĂ© publique. Pourquoi c'est gĂ©nial L'homme qui tua Liberty Valance a quelque chose d'extraordinaire c'est le dernier immense western de celui qui personnifie le mieux le genre, John Ford. Pour l'occasion, le rĂ©alisateur retrouvait le noir et blanc de ses dĂ©buts celui de La ChevauchĂ©e fantastique, tout en continuant d'explorer les thĂšmes qui lui sont chers. C'est sans doute avec Liberty Valance qu'il aura su le plus magnifiquement mettre en Ă©vidence son profond et viscĂ©ral attachement Ă la justice et aux valeurs humaines. Formidable Ă©vocation d'un Ouest en pleine mutation, le film met en balance, et dans la plus intense des confrontations, la violence des armes John Wayne vs Lee Marvin face Ă la volontĂ© d'imposer un Ă©tat de droit, en la personne de l'avocat Stoddard James Stewart dans un rĂŽle proche de celui qu'il tenait chez Capra. Habilement construit autour d'un flashback, L'Homme qui tua Liberty Valance est empreint d'une fascinante mĂ©lancolie qui explose lors des derniers instants, au dĂ©tour d'une phrase lancĂ©e par le contrĂŽleur du train On n'en fera jamais assez pour l'homme qui tua Liberty Valance ». C'est seulement Ă ce moment que Stoddard, et plus encore le spectateur, rĂ©alise que sa vie, et donc au fond l'Histoire de l'AmĂ©rique, s'est construite sur un mensonge, sur un secret enfoui et jamais rĂ©vĂ©lĂ©. Western intimiste, profondĂ©ment humain et terriblement touchant, L'Homme qui tua Liberty Valance est tout simplement l'un des plus grands films qu'Hollywood ait jamais produits. 10. LE BON, LA BRUTE ET LE TRUAND Sortie 1966 - DurĂ©e 2h40 SacrĂ© Eli Wallach De quoi ça parle Pendant la Guerre de SĂ©cession, trois hommes et tireurs confirmĂ©s se lancent Ă la recherche d'un coffre ayant disparu et contenant 200 000 dollars en piĂšces d'or volĂ©s Ă l'armĂ©e sudiste. Pourquoi c'est gĂ©nial Comment passer Ă cĂŽtĂ© de la trilogie du dollar, de l'Homme sans nom incarnĂ© par Clint Eastwood, de la mise en scĂšne folle de Sergio Leone, et de la musique Ă©ternelle d'Ennio Morricone ? S'il ne fallait en garder qu'un et mĂȘme si personne ne veut ça au fond, ce serait Le Bon, la Brute et le Truand, le dernier volet oĂč Eastwood et Lee Van Cleef sont rejoints par Eli Wallach. L'Histoire secoue l'histoire avec la guerre de SĂ©cession Ă l'horizon, faisant de cette conclusion un prequel, oĂč l'Homme sans nom enfile son cĂ©lĂšbre poncho Ă la toute fin. C'est la rencontre entre trois personnages hors-normes, troubles et ambigus, pour un affrontement mortel devenu mythique. Eastwood et Van Cleef sont impeccables, mais Eli Wallach impressionne, entre fulgurances comiques et rĂ©pliques cultes. Son interprĂ©tation de Tuco est formidable de force, de truculence et d'Ă©nergie, et aprĂšs Les Sept Mercenaires, c'Ă©tait la consĂ©cration. Ă l'origine, il y a d'abord le studio amĂ©ricain United Artists qui avait repĂ©rĂ© Pour une poignĂ©e de dollars et Et pour quelques dollars de plus, et rĂȘvait de se placer sur une suite. Sergio Leone et le scĂ©nariste Luciano Vincenzoni n'y pensaient pas, mais se sont laissĂ©s tenter. RĂ©sultat l'un des sommets du western spaghetti, et la fin de la collaboration entre le cinĂ©aste et Eastwood. La relation entre les deux hommes tournera au vinaigre, si bien que l'acteur refusera par la suite un rĂŽle dans Il Ă©tait une fois dans l'Ouest, tandis que Leone ne manquera pas de l'Ă©gratigner, le qualifiant de "star" avant d'ĂȘtre comĂ©dien. 9. LE GRAND SILENCE Sortie 1968 - DurĂ©e 1h30 Ă la fraiche De quoi ça parle Un mystĂ©rieux pistolero muet, justement surnommĂ© "Silence", dĂ©barque en Utah au beau milieu d'un hiver particuliĂšrement rude. Des chasseurs de primes profitent du climat pour martyriser les autochtones dĂ©semparĂ©s. Son arrivĂ©e va tout changer. Pourquoi c'est gĂ©nial La prĂ©sence de Sergio Corbucci Ă©tant obligatoire dans ce dossier, il restait Ă piocher dans sa riche filmographie. Le trĂšs cĂ©lĂšbre Django, si populaire qu'il a lancĂ© une saga officieuse, avait beau ĂȘtre le choix idĂ©al, le chef-d'oeuvre de l'auteur reste probablement Le Grand Silence. Une oeuvre crĂ©pusculaire que beaucoup considĂšrent - Ă raison - comme le western spaghetti le plus noir jamais tournĂ©, et ce en dĂ©pit de ses teintes neigeuses. Les Italiens ont toujours assumĂ© d'introduire une violence et un nihilisme dans le genre, et Ă cet Ă©gard, Le Grand Silence est peut-ĂȘtre le plus radical des westerns spaghettis. Il doit cette rĂ©putation au jeu renfrognĂ© des deux lĂ©gendes Jean-Louis Trintignant et Klaus Kinski, au dĂ©calage, soigneusement entretenu, entre ses thĂšmes extrĂȘmement sombres et ses dĂ©cors enneigĂ©s, absolument sublimes, Ă la brutalitĂ© qu'il est capable de dĂ©chainer, mais surtout Ă son dernier acte, envoyant valser toutes les conventions du cinĂ©ma populaire amĂ©ricain avec une fougue sardonique, voire carrĂ©ment sadique. Une conclusion si noire qu'elle a forcĂ© les producteurs Ă demander au cinĂ©aste de tourner un happy ending plus traditionnel. Car le film semble Ă premiĂšre vue pouvoir faire office de film de NoĂ«l, mais il n'a en fait rien du divertissement saisonnier calibrĂ© tel qu'ils pullulent encore dans nos chaumiĂšres. Rares sont les westerns Ă atteindre un tel niveau de misanthropie on vous recommande quand mĂȘme Tire encore si tu peux ! ou le frappadingue Scalps et Ă avoir autant inspirĂ© la cinĂ©philie mondiale. Bien des metteurs en scĂšne ont tentĂ© de filmer les Ă©tendues neigeuses comme Corbucci. Peu l'ont fait avec un talent similaire. ĂTAIT UNE FOIS DANS L'OUEST Sortie 1969 - DurĂ©e 2h55 Un duel inoubliable De quoi ça parle Alors qu'il prĂ©pare une fĂȘte pour sa femme, Bet McBain est tuĂ© avec ses trois enfants. Sur fond de conflit autour de l'arrivĂ©e du chemin de fer, Jill McBain hĂ©rite alors des terres de son mari, qui prĂ©voyait d'y construire une gare. Des terres que convoite Morton, le commanditaire du crime. Mais les soupçons se portent sur un homme du nom de Cheyenne, tout juste Ă©vadĂ© de prison. Pourquoi c'est gĂ©nial La vision de Sergio Leone est purement fantasmagorique, et c'est en cela qu'elle touche au grandiose. Le rĂ©alisateur transforme son western en fresque Ă©pique et tragique, et accouche d'une oeuvre d'une ampleur phĂ©nomĂ©nale. De la sĂ©quence d'ouverture au flashback de l'Harmonica, le film est parcouru de scĂšnes Ă l'intensitĂ© remarquable, qui impriment immĂ©diatement la rĂ©tine du spectateur. LĂ encore, le projet est parti des studios. Alors qu'il ne voulait plus plonger dans le western et refusait les offres des productions, tout en prĂ©parant Il Ă©tait une fois en AmĂ©rique, Leone s'est laissĂ© tenter par la proposition de Paramount un gros budget et son acteur de rĂȘve, Henry Fonda qui a d'abord refusĂ©. Bernardo Bertolucci, Dario Argento, puis Sergio Donati Ă©crivent le scĂ©nario. Ă la limite de la parodie, Sergio Leone rassemble tous les ingrĂ©dients du western pour les magnifier, et amener le genre jusqu'Ă sa limite. Peut-ĂȘtre le western qui fait dĂ©finitivement basculer l'Ouest dans le mythe. Moyennement accueilli aux Ătats-Unis oĂč il sort en version plus courte, Il Ă©tait une fois dans l'Ouest rencontre un immense succĂšs en Europe, notamment en Italie et en France 14,8 millions d'entrĂ©es chez nous. Et inutile de redire que depuis, il est considĂ©rĂ© comme un chef d'Ćuvre. 7. LA HORDE SAUVAGE Sortie 1969 - DurĂ©e 2h25 Les sauvages en horde De quoi ça parle Un groupe de bandits menĂ©s par Pike Bishop attaque les bureaux d'une compagnie de chemins de fer avant de s'enfuir au Mexique, alors en pleine rĂ©volution. Mais le dirigeant de la compagnie oblige l'ancien frĂšre d'armes de Pike, Deke Thornton, Ă partir avec une bande de chasseurs de primes traquer et tuer ses anciens compagnons en moins de 30 jours, sous peine de se retourner en prison. Pourquoi c'est gĂ©nial Film mythique dont la portĂ©e dĂ©passe le cadre du western, La Horde sauvage est autant une Ă©popĂ©e furieuse et nihiliste, que le portrait intime de hĂ©ros vieillissants et affectĂ©s par le changement de siĂšcle. Au zĂ©nith de son art, Sam Peckinpah imprime un nouveau style au cinĂ©ma dâaction avec son usage extrĂȘme du ralenti et du montage Ă©clatĂ©, tout en appuyant Ă fond sur la violence aux limites du sadisme, et en renvoyant dĂ©finitivement les bons et les mĂ©chants dos Ă dos. C'est d'autant plus cocasse que le cinĂ©aste traĂźne alors une sale rĂ©putation, suite au tournage chaotique de Major Dundee oĂč il Ă©tait incontrĂŽlable, et qui a accouchĂ© d'un Ă©chec commercial. Ă l'origine Ă©crit par Walon Green et Roy Sickner, le scĂ©nario de La Horde sauvage est arrivĂ© entre ses mains grĂące Ă Lee Marvin et aux producteurs Phil Feldman et Kenneth Hyman. Sans grande surprise, le budget du film explose pendant le tournage, notamment parce que Peckinpah aime l'improvisation, renvoie plusieurs techniciens, et que les dĂ©cors sont isolĂ©s. Rompant dĂ©finitivement une forme de rĂšgle implicite qui faisait du cowboy amĂ©ricain un chevalier sans reproche, La Horde Sauvage peut ĂȘtre perçu comme une Ćuvre crĂ©pusculaire sur un certain Hollywood, ainsi qu'une forme de renaissance qui continue Ă faire des Ă©mules maintenant - jusqu'Ă un projet de remake par Mel Gibson. Câest aussi Ă cela que lâon reconnait un chef dâĆuvre. NĂ© dans la douleur, avec un montage compliquĂ© vu la longueur et la violence des images, La Horde sauvage a Ă©tĂ© tronçonnĂ© Ă sa sortie, si bien que la vraie version de Peckinpah s'Ă©tait perdue. C'est uniquement aprĂšs sa mort, et avec l'aide de Scorsese, que le film est ressorti, presque comme le cinĂ©aste l'aurait voulu. 6. BUTCH CASSIDY ET LE KID Sortie 1969 - DurĂ©e 1h50 Bromance De quoi ça parle CĂ©lĂšbres pour leurs braquages de banques et de trains, Butch Cassidy et Sundance Kid Ă©laborent un plan audacieux pour voler deux fois un convoi de l'Union Pacific. Poursuivis par les hommes de la Pinkerton aprĂšs leur attaque, les deux compĂšres sont obligĂ©s de fuir en Bolivie avec Etta Place, la petite-amie de Sundance. Pourquoi c'est gĂ©nial Parce que c'est une merveille de western qui peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme l'ancĂȘtre du buddy movie grĂące Ă son irrĂ©sistible duo composĂ© de Paul Newman et Robert Redford. Deux personnages qui vont Ă l'encontre de la figure du cow-boy dans le western classique, tout comme le reste du film. MĂȘme s'il reprend tous les codes du western avec fusillades et vols de trains, Butch Cassidy et le Kid renouvelle le genre remplacĂ© depuis par le western spaghetti et s'inscrit dans le nouvel Hollywood de son Ă©poque en racontant justement la marche du progrĂšs et l'Ă©mergence d'un Nouveau Monde dans un rĂ©cit moderne et romanesque, qui dĂ©gage une tendre nostalgie et une insouciante envie de libertĂ© Ă travers la fuite de ces deux hĂ©ros. Un petit chef-d'oeuvre dont les derniĂšres secondes sont inoubliables et restent une des meilleures fins de l'histoire du cinĂ©ma. 5. JOSEY WALES, HORS-LA-LOI Sortie 1976 - DurĂ©e 2h15 La classe, by Eastwood De quoi ça parle Ă la fin de la guerre de SĂ©cession dans le Missouri, Josey Wales, un paisible fermier, voit sa femme et son fils se faire massacrer par des soldats nordistes. LaissĂ© pour mort, Josey dĂ©cide de se venger, mais sa tĂȘte est mise Ă prix. Pourquoi c'est gĂ©nial C'Ă©tait le cinquiĂšme film de Clint Eastwood rĂ©alisateur, aprĂšs Un frisson dans la nuit, LâHomme des Hautes Plaines, Breezy et La Sanction, et avant L'Ăpreuve de force, Bronco Billy et Firefox, l'arme absolue. Dix ans aprĂšs la trilogie du dollar, il abandonne les oripeaux du western italien, qui imprĂ©gnaient encore L'Homme des Haute Plaines. Eastwood signe ici le retour Ă une certaine forme de lyrisme non exempt de vĂ©ritĂ©, qui emprunte autant Ă John Ford quâĂ Arthur Penn. TirĂ© du livre de Forrest Carter, le prĂ©texte est simple le paisible fermier Josey Wales se transforme en justicier implacable suite au massacre de sa famille, par des brigands pendant la guerre de SĂ©cession. Non exempte dâhumour, cette odyssĂ©e violente se dĂ©roule dans un Ouest dont la sauvagerie est dĂ©sormais du ressort de lâhomme blanc les Indiens Ă©tant prĂ©sents, mais rĂ©duits au niveau de spectateurs goguenards. Grand succĂšs Ă l'Ă©poque, au point de donner lieu Ă une suite sans Eastwood, Josey Wales, hors-la-loi a pourtant Ă©tĂ© façonnĂ© dans la douleur. Ă l'origine, le co-scĂ©nariste Philip Kaufman devait rĂ©aliser le film, et avait quasiment fini la prĂ©paration, avec le choix des dĂ©cors, costumes et acteurs. Mais les tensions entre Eastwood et lui Ă©taient si gĂȘnantes que l'acteur a demandĂ© le renvoi de Kaufman, et a repris son poste. La situation Ă©tait tellement compliquĂ©e que la Guilde des rĂ©alisateurs est tombĂ©e sur les producteurs, puis a instaurĂ© une rĂšgle empĂȘchant un acteur ou producteur de virer un rĂ©alisateur pour prendre sa place. Le nom de cette rĂšgle "The Eastwood Rule". Le film marqua dans tous les cas un tournant indĂ©niable dans la carriĂšre de cinĂ©aste de lâancien homme sans nom. Il complĂštera par la suite son costume de hĂ©ros ultime du western avec des Ćuvres comme Pale Rider et Impitoyable, mais câest celui du outlaw Josey Wales qui reste le plus parfait. Eastwood est le premier Ă le dire sur le DVD, parlant de Josey Wales comme l'un des points culminants de sa carriĂšre dans le western. 4. LA PORTE DU PARADIS Sortie 1980 - DurĂ©e 3h39 La douceur dans la tempĂȘte De quoi ça parle Deux anciens Ă©lĂšves de Harvard se retrouvent en 1890 dans le Wyoming. Averill est shĂ©rif fĂ©dĂ©ral tandis que Billy Irvine, rongĂ© par l'alcool, est membre d'une association de gros Ă©leveurs en lutte contre les petits immigrants venus pour la plupart d'Europe centrale. Averill s'oppose Ă l'intervention de l'association sur le district et tente de convaincre son amie Ella, une prostituĂ©e d'origine française, de quitter le pays. Pourquoi c'est gĂ©nial Le film maudit par excellence, qui a fait couler autant d'encre qu'il y a eu de sueur et larmes sur le tournage de cette superproduction folle. TournĂ© entre avril 1079 et mars 1980, avec un budget qui avait triplĂ©, le film a Ă©tĂ© un enfer du dĂ©but Ă la fin. Reconstruction entiĂšre d'un dĂ©cor, irrigation d'une zone pour recrĂ©er la verdure, multiples prises, animaux maltraitĂ©s, retards insensĂ©s pour attendre la bonne mĂ©tĂ©o, tentative de virer Michael Cimino pendant le tournage, bataille dans la salle de montage, premiĂšre version de 5h25, nouvelle bataille pour raccourcir le montage... la lĂ©gende est presque aussi grandiose que les images. La rĂ©alitĂ© est nĂ©anmoins plus triste. Sorti fin 1980, La Porte du paradis a Ă©tĂ© un immense Ă©chec, avec moins de 4 millions au box-office pour un budget de plus de 40. Une nouvelle version, plus courte, sera diffusĂ©e quelques mois aprĂšs, mais ne sauvera pas la mise. Un dĂ©sastre qui a Ă©tĂ© le coup fatal pour United Artists, et pour une certaine idĂ©e du Hollywood d'autrefois. Il faut lire Le Nouvel Hollywood, le passionnant livre de Peter Biskind, pour mesurer l'impact du film dans l'industrie. Mais au-delĂ de la partie historique, il reste un film fou. C'est lâexpression la plus extrĂȘme de la mauvaise conscience de lâAmĂ©rique, et le constat amer et sanglant quâau pays de la banniĂšre Ă©toilĂ©e, câest la volontĂ© du plus riche qui prime dâabord. Mettant en relief des hĂ©ros ambigus et en souffrance, La Porte du Paradis rejoint par certains cĂŽtĂ©s la vision jusquâau-boutiste de Sam Peckinpah, et marque par des sĂ©quences hallucinantes de beautĂ© et de sauvagerie. Le summum est la bataille finale, dont le dĂ©roulement meurtrier et concentrique nâest que la concrĂ©tisation dâune sociĂ©tĂ© amĂ©ricaine qui sera ainsi stratifiĂ©e. Ă voir et Ă revoir inlassablement. 3. IMPITOYABLE Sortie 1992 - DurĂ©e 2h11 La der des der De quoi ça parle En 1880, William Munny, redoutable hors-la-loi reconverti dans l'Ă©levage dans le Wyoming va, Ă la demande d'un jeune tueur, reprendre du service pour venger une prostituĂ©e dĂ©figurĂ©e par un cow-boy sadique. Pourquoi c'est gĂ©nial Le film oĂč Clint Eastwood parvient Ă transcender le genre qui fit de lui une star. Avec cette histoire de vieux hors-la-loi reconverti dans l'Ă©levage, qui reprend du service pour venger une prostituĂ©e dĂ©figurĂ©e par un sadique, l'acteur et rĂ©alisateur redonne vie Ă un mythe moribond, autant qu'il le dĂ©passe et en acte la disparition. Avec Impitoyable, il clĂŽture en beautĂ© son cycle sur l'Ouest autour de ses thĂšmes favoris, Ă savoir rĂ©vĂ©ler la part d'humanitĂ©, de faiblesse et donc de vĂ©ritĂ©, que cachent les mythes et lĂ©gendes. Pour ça, il dĂ©tourne sciemment le symbole du duel pour abattre la figure chevaleresque et noble du pistolero. Wowboy vieilli, rattrapĂ© par la rĂ©alitĂ©, Will Muny lui offre un chant du cygne mĂ©morable. Sachant que Clint Eastwood avait eu le scĂ©nario de David Webb Peoples entre les mains au dĂ©but des annĂ©es 80, et qu'il a prĂ©sentĂ© Impitoyable comme son dernier western, la boucle Ă©tait magnifiquement bouclĂ©e. Morgan Freeman et Gene Hackman sont les autres visages inoubliables du film, immense succĂšs Ă sa sortie, couronnĂ© par quatre Oscars meilleur film, meilleur rĂ©alisateur, meilleur second rĂŽle pour Hackman et meilleur montage. 2. TRUE GRIT Sortie 2010 - DurĂ©e 1h50 Les dĂ©buts flamboyants d'Hailee Steinfeld De quoi ça parle Pour venger la mort de son pĂšre, assassinĂ© par l'un de ses employĂ©s, la jeune Mattie Ross dĂ©cide de recourir aux services du marshal Cogburn. BientĂŽt rejoints dans leur quĂȘte par un Texas Ranger Ă la recherche du criminel, le trio va se lancer dans une aventure qui ne les laissera pas indemnes. Pourquoi c'est gĂ©nial Remake du film Cent dollars pour un shĂ©rif, lui-mĂȘme adaptĂ© d'un roman, True Grit sonne bien vite comme une Ă©vidence dans la filmographie des frĂšres Coen. Le duo de cinĂ©astes y retrouve l'aspect poisseux et dĂ©senchantĂ© de son autre "western", No Country for Old Men, mais aborde cette fois sa post-modernitĂ© avec une imagerie plus traditionnelle du genre. Si le film aurait pu se prĂ©lasser dans l'innocence perdue de sa jeune hĂ©roĂŻne, l'Ă©criture des frĂšres Coen est en rĂ©alitĂ© bien plus fine, et s'empare du cycle de la violence pour l'interroger plutĂŽt que de le diaboliser. Il ressort ainsi de True Grit une complexitĂ© bouleversante, qui donne du poids Ă l'humanitĂ© de ses personnages, icĂŽnes dĂ©sabusĂ©es d'un Ouest qui ne parvient plus Ă façonner de lĂ©gendes. Entre humour et violence brutale, les frĂšres Coen alternent les tons Ă la maniĂšre d'un Ă©quilibriste en pleine maĂźtrise de ses moyens, le tout jusqu'Ă un Ă©pilogue d'une mĂ©lancolie tĂ©tanisante. Mais surtout, True Grit est un trĂšs grand film d'acteurs, oĂč le charisme de Jeff Bridges et de Matt Damon est constamment mis Ă l'Ă©preuve par l'Ă©nergie incandescente d'Hailee Steinfeld. 1. LES HUIT SALOPARDS Sortie 2016 - DurĂ©e 2h48 Le calme avant la tempĂȘte De quoi ça parle Le chasseur de primes John Ruth doit conduire sa prisonniĂšre, Daisy Domergue, Ă Red Rock pour la faire pendre et empocher le butin mis sur sa tĂȘte. Sauf qu'Ă cause du blizzard, ils sont obligĂ©s de se rĂ©fugier dans une auberge en attendant que la tempĂȘte cesse oĂč ils sont accueillis par plusieurs personnages Ă©nigmatiques. CoincĂ©s tous ensemble, ils vont trĂšs vite comprendre qu'ils ne finiront pas tous la nuit vivants. Pourquoi c'est gĂ©nial Probablement parce que Quentin Tarantino n'avait jamais Ă©tĂ© aussi mature sur ses prĂ©cĂ©dents longs-mĂ©trages et qu'il s'agit sans doute de l'oeuvre la plus aboutie de sa filmographie avec Once Upon a Time... in Hollywood depuis. Lorsqu'il sort en janvier 2016, Les 8 Salopards reprĂ©sente clairement la synthĂšse du travail du cinĂ©aste, en mĂȘlant habilement le huis clos Ă la Reservoir Dogs Ă ses dĂ©sirs uchroniques dĂ©butĂ©s avec Inglourious Basterds et le ton cartoonesque outrancier de ses joutes sanglantes marque de fabrique crescendo de Pulp Fiction Ă Django Unchained. D'une impressionnante richesse scĂ©naristique les dialogues et monologues fabuleux, le film ne s'arrĂȘte d'ailleurs pas lĂ . Bien au contraire, il rend surtout hommage Ă tout un pan de l'Art, de la littĂ©rature d'Agatha Christie en passant Ă©videmment par le cinĂ©ma de Sam Peckinpah, John Sturges ou encore John Carpenter, dont l'aura de The Thing rĂ©sonne tout au long du film et jusqu'en dans la partition d'Ennio Morricone reprenant certaines mĂ©lodies non utilisĂ©es Ă l'Ă©poque. Ainsi, Les 8 Salopards mute Ă l'image du monstre alien de The Thing passant du western politique incisif dĂ©terrant les dĂ©mons de l'AmĂ©rique sĂ©grĂ©gationniste au whodunit tendu et nerveux avant de plonger pleinement dans l'horreur avec son huis clos anxiogĂšne et paranoĂŻaque. C'est assurĂ©ment la force du long-mĂ©trage, capable de jongler entre les genres et les tons avec une puissance encore inĂ©dite chez Tarantino. Et quand le tout est Ă©videmment menĂ© par un parterre de stars inoubliable, dont Jennifer Jason Leigh en prisonniĂšre complĂštement tarĂ©e, ça donne un des derniers grands westerns contemporains. FAQ QUELS SONT LES MEILLEURS WESTERNS SUR NETFLIX ? Le catalogue de Netflix propose les films Django Unchained de Quentin Tarantino, La Ballade de Buster Scruggs, No Country for Old Men et True Grit des frĂšres Coen, The Revenant d'Alejandro GonzĂĄlez Iñårritu ou encore Geronimo de Walter Hill. QUELLES SONT LES MEILLEURES SĂRIES WESTERNS ? On peut citer Deadwood et Godless parmi les plus populaires, mais aussi la trop sous-cĂŽtĂ©e Dr. Quinn, femme mĂ©decin et La Petite maison dans la prairie parmi les plus cultes, sans oublier les plus classiques comme Les MystĂšres de l'ouest ou la sĂ©rie animĂ©e Lucky Luke. QUELS SONT LES WESTERNS SORTIS EN 2021 ? Les westerns The Harder They Fall et La Mission sont sortis en 2021 sur Netflix. Au cinĂ©ma, Clint Eastwood a fait son retour avec Cry Macho et Jane Campion avec The Power of the Dog. QUELS SONT LES PIRES WESTERNS ? Parmi les pires, on retrouve quelques comĂ©dies et westerns français comme Albert Ă l'Ouest, The Ridiculous 6 ou Lucky Luke, mais aussi le remake d'Antoine Fuqua Les 7 Mercenaires, Cowboys & envahisseurs de Jon Favreau ou encore Jonah Hex avec Josh Brolin et Wild Wild West avec Will Smith. Newsletter Ecranlarge Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Ăcran Large. Vous aimerez aussi
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